Retour dans les archives : Il y a 40 ans, Meigné sous l’eau

Il est plus de 23h, ce 28 juillet 1983, quand le téléphone sonne au domicile de Gérard Rochais, maire de la commune. Il faut évacuer d’urgence Mme Cormier, une habitante du village, dont la maison se remplit d’eau. Gérard Rochais pense d’abord à une plaisanterie : il n’y a pas de rivière à Meigné !

Pourtant, l’eau est effectivement tellement montée que Gérard Rochais va devoir appeler le centre de secours pour que Mme Cormier soit évacuée en barque, tout juste avant qu’un pan de sa maison ne s’effondre. Des trombes d’eau se sont abattues sur Meigné et plusieurs villages alentours (Rou-Marson, Les Ulmes…) ce soir de juillet 1983. La presse évoque 97 mm d’eau par m2 tombé à Meigné, épicentre du phénomène.
« Ça a surpris tout le monde » confirme l’ancien maire. Solidaires, les habitants se mobilisent pour sauver ce qui peut l’être. À l’issue de cette nuit blanche, si aucune victime n’est heureusement à déplorer, le bilan matériel est en revanche bien lourd : 15 maisons sont inondées dont 3 en partie détruites ainsi que 15 caves à usage agricole ; une canalisation a été éventrée rue de Gennes (actuelle rue du nord), 3 à 4 km de chemins ruraux sont à réfectionner entièrement, de nombreuses réserves d’autoconsommation (légumes, jardins, conserves, vins, volailles) sont perdues, une partie de la population est privée d’eau et d’électricité.
Le sous-sol du château de la Tremblaye, qui abrite les cuisines et réserves pour la soixantaine d’enfants polyhandicapés accueillis, est également sous l’eau. Les enfants sont évacués dès le lendemain au moyen de 17 ambulances. À Meigné, une cinquantaine de pompiers venus des centres de secours de Saumur, Doué, Montreuil-Bellay, Allonnes, Longué, Brissac, Angers se relaient pour évacuer l’eau. Le village mettra plus de six semaines à reprendre son visage initial.


De violents orages

D’où a bien pu provenir toute cette eau ?

On le sait désormais, en cette fin juillet 1983, les départements de la Charente-Maritime, des Deux-Sèvres et du Maine-et-Loire ont connu l’un des épisodes orageux les plus violents enregistrés dans l’ouest de la France. La faute à un phénomène météorologique appelé « spanish plume » : de fortes remontées d’air très chaudes en provenance d’Afrique du Nord ont été à la fois humidifiées par le survol de la Méditerranée et asséchées par le franchissement des Pyrénées, les rendant propices à des déclenchements profonds et sévères. À Meigné, l’orage aurait éclaté au nord du village, vers le hameau de la Motte. La topographie a fait le reste : le bourg étant situé en contrebas, l’eau s’est engouffrée. La commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle par un arrêté paru au Journal officiel le 11 septembre 1983. Quarante ans plus tard, le souvenir est encore vif dans la mémoire de ceux qui l’ont vécu. Aucune autre inondation de cette ampleur n’a été en revanche à déplorer. Mais l’ancien maire reste prudent : « au vu du changement climatique actuel, cet évènement nous rappelle que personne n’est à l’abri. »

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